Archive dans 21 mars 2019

2018 – La Fille du régiment

L’œuvre . Sur un air de ténor surnommé « Le Mont Everest » du bel canto

Créé à l’Opéra-Comique de Paris le 11 février 1840, La Fille du Régiment est un opéra- comique, mais cette classification ne laisse rien deviner de sa fibre comique.

En effet, le terme d’opéra-comique désigne un style d’opéra dans lequel s’alternent scènes chantées et parlées. Rien n’empêche alors à un opéra-comique de révéler une histoire tragique, comme celle de la célèbre Carmen.

Le livret de La Fille du régiment est intimement lié à son époque. Inventé de toute pièce par Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Jean-François Bayard, il est empreint du sentiment patriotique qui envahit à ce moment-là la France, et glorifie la légende napoléonienne. Avec son patriotisme affiché, cette œuvre devient incontournable sous le second empire.

L’insolence du personnage principal est l’un des attraits les plus puissants de l’ouvrage. Le plus illustre des opéras militaires nous présente Marie comme une déesse de la guerre qui traite d’égal à égal avec les soldats. Le bel canto italien est particulièrement présent dans le traitement vocal de ce personnage, et permet à l’héroïne de briller par sa virtuosité.

L’ouvrage est particulièrement renommé pour l’air du ténor « Ah ! Mes amis, quel jour de fête ! » qui comporte 9 contre-uts et lui vaut le nom de « Mont Everest » du bel canto.

L’insolence de Marie a largement inspiré Offenbach dans ses créations. En effet, La Fille du régiment servira de modèle à l’opérette française et à ses avatars autrichiens de la seconde moitié du XIXème siècle.

Dino fait son crooner, Shirley fait sa crâneuse.

Les parents de Gilles sont italiens. Tout petit, il écoute ces magnifiques mélodies, empreintes de lyrisme, que diffuse le transistor trônant sur le buffet de la cuisine, pendant que la Mama fait les pâtes en chantant.

Le répertoire s’impose : les chansons italiennes ! Come prima, Da une lacrima sul viso, Tu vuo’ fa’ l’Americano, Bella Ciao !

Il ne s’agit pas d’un simple tour de chant, mais d’un spectacle original où la chanson croise la comédie (à l’italienne) ; où Dino raconte sa famille, l’arrivée dans l’Est de la France, les vacances en Italie du sud, dans les Pouilles, la nona (grand-mère), les fêtes, les joies, les peines… Il interpelle son public, le public répond, on blague, on se dévoile, on rit, on s’émeut, on voyage.

PAS DE DINO SANS SHIRLEY

Shirley profite du show de Dino pour faire sa crâneuse. Elle le rejoint sur scène, chante, danse, joue les présentatrices, les pin-up, change de robe à chaque apparition. Ce n’est plus ni tout à fait la même ni tout à fait une autre… et entre deux chansons on retrouve avec bonheur, le duo dans ses improvisations.

UNE MISE EN SCÈNE EN TOUTE COMPLICITÉ

Sous l’œil bienveillant de Corinne qui travaille en complicité depuis toujours avec son crooner adoré, le spectacle se crée, se recrée chaque soir. Bien sûr une base, une trame tient le spectacle mais à chaque représentation tout peut arriver, c’est l’enjeu même ! Gilles, en bon italien, possède ce sens inné de la comédie, une faculté à toujours inventer, en fonction du soir, des envies, du public.

LE SECRET DE LA SAUCE TOMATE

En Italie, cuisiner c’est sacré ! Gilles donne à chaque représentation le secret de la recette de la sauce tomate de sa grand-mère, la nona. Il la mitonne sur scène et pour rester fidèle à la générosité italienne, le public est convié, à la fin de la représentation, à manger les pâtes.

DE FORMIDABLES MUSICIENS

La présence de quatre musiciens exceptionnels enrichit le spectacle, Alvaro Bello – guitariste, Benoîts Raffin – percussionniste, Arnaud Sacase – saxophoniste et Vadim Sher pianiste. Issus d’univers musicaux différents, ils mêlent leur savoir-faire et harmonisent leur style afin de servir au mieux la subtilité des mélodies italiennes. Au- delà de leur talent, ils participent avec enthousiasme à tous les jeux de scène, chorégraphie et improvisation du spectacle.

2017 – La chauve – souris

L’œuvre

Opérette viennoise… N’y aurait-il pas là un parfum de pléonasme ? Comme s’il pouvait y avoir une autre patrie de l’opérette que la ville de la valse, de l’insouciance, de l’élégance des crinolines et des uniformes à brandebourgs… En cette année 1874, quand Vienne découvre La Chauve-Souris, Paris s’est abîmé dans sa guerre perdue et sa Commune sanglante. Alors c’est dans la capitale impériale que, désormais, on danse, on chante, on entraîne les masques dans des tourbillons de plaisir.

Et quel plus beau tourbillon que celui de La Chauve-Souris ? Quel plus beau fracas de fête que celui conduit par Johann Strauss-le-fils, lui qui faisait valser princesses et lingères sur des mélodies impossibles à oublier une fois, une seule fois, entendues ? La Chauve-Souris, c’est cela : un long cortège de noceurs en goguette, de masques derrière lesquels, comme jadis chez Mozart, s’égarent épouses et  maris, d’aristocrates désabusés et de soubrettes délurées. Valsez passions ! Valsez amours !

Et peu importe l’intrigue, peu importe cet extravagant costume de carnaval, ce déguisement de chauve-souris qui appelle de sombres vengeances : c’est bien le dernier emprunt de Vienne à Paris puisque l’idée vient de Meilhac et Halévy, les librettistes d’Offenbach. Mais c’est Vienne désormais qui boit le champagne, Vienne qui danse… Et c’est Strauss qui mène le bal. Eblouissant. Viennois…

Note d’intention

Par Benoît Bénichou, metteur en scène

La Chauve-Souris, farce tragique… ou La Vengeance de la chauve-souris… La vengeance de Falke ou la descente aux enfers d’Eisenstein.  Comment une farce devient un véritable cauchemar. Un face-à-face violent sur une musique à première vue légère…

La Chauve-Souris est avant tout une farce. La farce est là, certes, mais elle n’est que le point de départ et le fil conducteur d’une vengeance amère. Falke, avec l’aide de son ami le Prince Orlofsky revient le temps d’une soirée, méticuleusement préparée depuis des années, se venger d’une profonde humiliation vécue il y a plus de dix ans. Eisenstein y perdra beaucoup.

La farce… L’illusion… Un domaine… Le domaine d’O… d’Orlofsky… Un théâtre… Son théâtre… 

La Chauve-Souris et la question du théâtre. 

Rosalinde, ex-chanteuse, Alfred, son amant, chanteur, Eisenstein, son mari, pseudo-chanteur, Adèle, femme de chambre, se fait passer pour une comédienne et rêve de faire du théâtre, Ida sa soeur, danseuse à l’opéra… Les personnages se font passer pour d’autres, il est aussi question d’auditions… Le théâtre est omniprésent dans cette œuvre. Il semble évident de ne pas écarter cette composante importante dont la plus évidente est la Farce elle-même. Une farce/vengeance organisée. Une pièce dans la pièce… Un jeu violent dans une réalité… 

Falke, metteur en scène de la soirée, engage des comédiens, figurants  afin de mettre en action sa vengeance. Sous le regard blasé, désabusé de son ami Orlofsky, Prince décrépi, Falke, Rosalinde et Eisenstein se déchirent sous nos yeux… sur scène… un théâtre en décrépitude à l’image de son propriétaire le Prince Orlofsky. Les ors du passé ressurgissent le temps d’une vengeance qui profitera également à Orlofsky à qui Falke réserve une surprise de taille… 

J’ai souhaité également travailler sur une nouvelle traduction et une réécriture des textes parlés à partir de la pièce de théâtre originale, Le Réveillon de Meilhac et Halévy, présentée au théâtre du Palais-Royal en 1872.

2016 – ORPHÉE AUX ENFERS

L’histoire

C’est le mythe d’Orphée à l’envers. Eurydice déteste la musique de son époux et batifole avec un berger. Orphée s’intéresse aux nymphes et se réjouit d’apprendre la «mort» de son épouse enlevée par Pluton. Mais l’Opinion publique s’en mêle et contraint Orphée à réclamer justice auprès de Jupiter. L’enquête entraîne tout l’Olympe aux Enfers.

L’œuvre

Les faits

Avec Orphée aux Enfers, Offenbach goûte pour la première fois aux joies de la liberté de créer. Enfin il peut sortir des contraintes imposées par les lois qui régissent la production de spectacles. La durée du spectacle, le nombre de scènes, d’actes, d’instruments, de personnages, la possibilité d’avoir un chœur et donc une vraie troupe, offrent au compositeur les moyens d’exprimer son véritable talent.

Le public ne va pas s’y tromper et, passé l’étonnement dû à la nouveauté de la forme, du traitement irrévérencieux d’une matière et d’une thématique considérée intouchable, il va réserver un triomphe à son compositeur. Deux cent vingt-sept représentations seront données d’affilée, ce qui renfloue les caisses d’un théâtre sans cesse au bord de la faillite.

Cet Orphée passe vite les frontières et finit par incarner l’esprit français, irrespectueux, sarcastique, gouailleur et qu’Offenbach tient toujours dans les limites de cette bienséance teintée d’une pointe de finesse. Après avoir donné aux dieux une vie humaine dans ce qu’elle a de plus trivial, après s’être moqué du genre en composant des pages hilarantes de bisous et de bzzz bzzz, il offre – comme à son habitude – un portrait caustique de la société de son temps.

En 1874, après avoir obtenu la direction du Théâtre de la Gaîté, Offenbach propose une version augmentée de son Orphée aux Enfers qui se présente maintenant sous forme d’«opéra féérie» en quatre actes et douze tableaux. Dans cette version qui dure deux fois plus de temps, apparaissent vingt nouveaux rôles, quatre-vingts danseurs, cent choristes et un orchestre de plus de cent musiciens.

Le nouveau format plaît tellement au public qu’il permet à l’œuvre d’arriver à sa millième représentation en 1878.

Nous proposons ici une version qui mêle les deux versions originales.

2015 – LA Périchole

Argument

A Lima, la Périchole et Piquillo, couple de chanteurs des rues, n’ont guère de succès et ne parviennent même pas à gagner assez d’argent pour se marier. Sorti incognito du palais, le vice-roi du Pérou, Don Andrès de Ribeira, cherche à s’encanailler auprès du bon peuple. Piquillo parti faire la quête, la Périchole s’endort pour oublier sa faim. Le vice-roi, terrassé par un coup de foudre pour la belle saltimbanque, lui propose alors de l’emmener à la Cour en qualité de Dame d’honneur. Poussée par la faim, la Périchole accepte et laisse une lettre d’adieu à Piquillo, lui expliquant son geste.

Désespéré, Piquillo est sauvé par le premier gentilhomme de la Cour, qui lui propose d’épouser la future favorite du vice-roi pour sauver les apparences.

La noce est célébrée sans que Piquillo, ivre, ne se rende compte de l’identité de son épouse qui n’est autre que sa maîtresse la Périchole. Le lendemain, Piquillo informe la Cour qu’il en aime une autre et qu’il doit la retrouver. Il se rend alors compte que son épouse, la favorite du vice-roi, n’est autre que celle qu’il aime. Fou de rage, Piquillo insulte le monarque, qui le jette au cachot. En prison, la Périchole rend visite à son bien-aimé, à qui elle confie n’avoir pas cédé aux avances de Don Andrès. Alors qu’elle tente de faire évader Piquillo, le vice-roi les surprend et les fait enfermer tous les deux. Parvenant à s’échapper, les deux baladins retournent chanter leurs malheurs dans la rue. Le vice-roi les retrouve mais, ému par leur chant, il les laisse se marier et avoir des enfants.

2014 – CABARET

Willkommen ! Bienvenue ! Welcome !    

WILLKOMEN !

Cabaret, c’est le musical d’Harold Prince à Broadway. C’est aussi Liza Minnelli dans le film de Bob Fosse.

Cabaret, c’est un récit qui se sert de la morosité profonde d’un peuple en quête de plaisirs et distractions comme trame de fond.

Cabaret, c’est surtout un spectacle qui n’échappe pas à la cruauté d’une période de l’histoire pendant laquelle l’humanité a dû se battre pour rester vivante.

Cabaret, ou presque 50 années de la vie d’un spectacle qui n’a pas fini de nous étonner tant ses ressources sont inépuisables.

Bienvenue !      

Olivier Desbordes, Jérôme Pillement et la vingtaine d’artistes de la troupe porteront ce récit qui nous renvoie dans l’Allemagne du début des années 30, dans cette société en pleine mutation prête aux excès du pire. Une société qui prépare l’arrivée d’Hitler, qui organise la machinerie du nazisme et échafaude la marginalisation criminelle des juifs. On se retrouve confronté à la réactivité de cette société nourrie par les effets d’une crise économique qui promet la « misère pour tous ».

Welcome !      

Olivier Desbordes, qui depuis presque 10 ans a ouvert pour partie sa fantaisie et son imaginaire de metteur en scène à l’univers significatif du cabaret allemand, va très logiquement se consacrer à cette nouvelle aventure artistique. En effet, Cabaret est l’œuvre anglo-saxonne qui a parfaitement réussi à s’approprier cet univers onirique, cauchemardesque et décadent des cabarets berlinois, à l’image de ce lieu emblématique du spectacle : le Kit Kat Klub.

Sans oublier l’incroyable partition musicale de Cabaret. Le jazz qui fit son apparition au début des années 20 dans les cabarets allemands était un art exotique, synonyme de liberté, une musique venue tout droit des USA, une forme d’exutoire face à la grisaille ambiante.Mais les illusions de liberté de ce grand pays lointain s’estompèrent avec la montée du nationalisme.

Cabaret reste cette œuvre au foisonnement artistique intense qui lui confère une dimension fascinante auprès du public.

Ladies and gentleman, let me introduce you… The CABARET !

2013 – West Side Story Exemplaire

LE MONDE FASCINANT DE WEST SIDE STORY

LE MONDE FASCINANT DE WEST SIDE STORY

Aux quatre coins de la planète, cette même vieille histoire revient sans cesse : deux êtres d’origines différentes se rencontrent, tombent amoureux et se jurent éternelle fidélité. Mais partager ce bonheur, ici ou là, hier ou aujourd’hui, est un rêve inaccessible.
D’un bout à l’autre, West Side Story est une œuvre à forte dimension émotionnelle. Il est question d’amour, de jeux, de flirt, de danse, de rire et de rêve. Mais il s’agit aussi de « l’ennemi », de l’autre, de celui qui est différent, de celui qui ne respecte pas les mêmes codes d’honneur : c’est la guerre des gangs dans un quartier mal famé de New York.
Ils sont tous jeunes et rejettent l’univers conventionnel et ennuyeux des adultes. Pourquoi l’accepteraient-ils ? Leur avenir semble aussi morose que les arrière-cours des immeubles qui les ont vus grandir.
La rue est leur territoire, leur patrie. Ils luttent pour sa défense.
Cinquante ans après sa création, West Side Story est toujours d’actualité. Après des débuts sensationnels en septembre 1957 au Winter Garden Théâtre de Broadway et le succès unanime de la première représentation européenne, en 1958 au Her Majesty’s Theatre à Londres, le superbe film attira des millions de spectateurs aux quatre coins du monde. Réalisé par Robert Wise et Jerome Robbins et couronné par dix oscars en 1961, le film resta à Paris cinq années d’affilée à l’affiche du cinéma George V, sur les Champs Élysées.
Réaliser une adaptation de la tragédie Roméo et Juliette, de Shakespeare, pour en faire un spectacle contemporain fut pour Jerome Robbins un travail de longue haleine. En collaboration avec trios autres artistes talentueux – le compositeur Leonard Bernstein, le librettiste Arthur Laurents et le parolier Stephen Sondheim – cette équipe parvint à créer une œuvre d’art totale, complexe et absolument captivante d’un point de vue dramatique, dans laquelle musique, paroles et chorégraphie ne font qu’un.

De par ses dialogues concis, le livret reste l’un des plus courts qui n’ait jamais été écrit dans le genre. Dès les premières mesures, l’ambiance est donnée et les deux bandes rivales font leur apparition. Le spectateur se voit immédiatement catapulté dans l’Upper West Side new-yorkais, dans ce microcosme d’immigrants et se retrouve, sans plus attendre, au coeur du drame.
L’acquisition des droits de représentation de la production originale de West Side Story doit satisfaire les exigences des ayants-droit et correspondre aux critères stricts de son auteur.
Le regretté Michael Brenner, le producteur et imprésario allemand a eu l’audace et le courage de remonter, pour une tournée internationale, une production hors pair de West Side Story en tous points fidèle à la version d’origine de Broadway. Pour ce faire, il s’est entouré d’une équipe d’artistes d’envergure qui a su redonner à cette œuvre extraordinaire un nouveau souffle, et a fait de cette production un événement théâtral de premier ordre que le public n’oubliera pas.
Après avoir été présenté sur le continent asiatique (Pékin, Macao, Singapour, Bangkok, Tokyo) et avant de se produire en Australie, le spectacle a tourné en Europe pendant plusieurs semaines où il fut donné à guichets fermés notamment au Théâtre du Châtelet à Paris et au Sadler’s Wells à Londres où plusieurs prix du monde du théâtre britannique lui ont été décernés, notamment dans la catégorie « Best Revival », lors de la cérémonie des Olivier Awards de 2008.
C’est dans la mise en scène et l’adaptation chorégraphique de Joey McKneely, ex-danseur soliste et assistant de Jerome Robbins, sous la direction musicale du chef d’orchestre américain Donald Chan et avec une distribution entièrement renouvelée, que West Side Story retrouve aujourd’hui la scène du Théâtre du Châtelet.